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26.10.2006

Cohabiter avec nos eaux de pluie [hydrologie urbaine alternative]

Exutoires naturels du ruissellement pluvial, nos rus et nos rivières sont mal en point : en milieu urbain, le réseau hydrographique a été quasiment entièrement busé et transformé en égouts.
medium_thierry_maytraud.3.JPGOr, "les cours d'eau portent les racines d’un territoire, soulignent et renforcent son identité" affirme le responsable de la cellule Assainissement du Conseil Général de Seine-Saint-Denis, Mr Thierry Maytraud.

Les canalisations des réseaux artificiels sont beaucoup moins romantiques. Et quand il s'agit de réseaux dits unitaires, mêlant les eaux de pluie aux rejets d'eaux usées, l'on est carrément dans l'anti-écologique ! A la première forte pluie, nous sommes confrontés à des débordements pollués.

L'accroissement des réseaux artificiels atteint ses limites. Des techniques alternatives existent, dans la démarche de développement durable. Des techniques efficaces, pérennes et permettant, de plus, de concevoir de nouveaux paysages urbains ; une Haute Qualité Environnementale née de la rencontre entre hydrologie et urbanisme.


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L'automne est propice aux inondations, et le risque en Ile-de-France est important. L’urbanisation est apparue comme étant un facteur de risque. En effet, l’urbanisation toujours croissante imperméabilise les sols et donc diminue fortement l’infiltration des eaux pluviales dans la terre. Les eaux ruissellent sur le bitume d’amont en aval et vont s’accumuler, salies et malsaines, aux points les plus bas.

En cas de pluie décennale (comme en 2003), ces accumulations vont entraîner des inondations impossibles à éviter. La capacité des réseaux d'évacuation s'avère aujourd'hui insuffisante au regard de la densification urbaine.
L'on a augmenté le diamètre des tuyaux, creusé des immenses bassins de stockage, mais cela présente un coût et ne peut se faire indéfiniment... Par ailleurs, une grande partie des réseaux date encore de l'entre-deux guerres et sont mal entretenus pour des raisons d'accessibilité, ou encore une fois de coûts.

Bref, devant la facture encore alourdie par les dégâts causés par les inondations, les pouvoirs publics ont commencé à chercher des solutions nouvelles.  


L'émergence des techniques alternatives

Les techniques alternatives de traitement des eaux pluviales sont apparues il y a une dizaine d’années, à partir d’une réflexion sur le comportement naturel des eaux.

Avant la ville moderne, les eaux de pluie suivaient les pentes naturelles des bassins versants, pour finir par rejoindre un cours d'eau ou s’infiltrer dans le sol. L'eau était un élément culturellement très présent, indispensable aux cultures, à la vie. Paris par exemple, est née et s'est développée autour la Seine et de ses nombreux affluents aujourd'hui disparus.

Les techniques alternatives de traitement des eaux pluviales s'attachent à reproduire, en milieu urbain dense, des comportements hydrologiques naturels, soit les conditions d'un développement durable.

Elles se basent, entre autres, sur l’utilisation de bassins de rétention et de noues à ciel ouvert intégrés aux aménagements urbains, à l'échelle d'un terrain, d'une parcelle. Elles permettent le stockage, l'infiltration, la régulation du ruissellement pluvial au plus proche du point de chute (en amont afin d'éviter un ruissellement grandissant vers l'aval) et sur l’action naturellement assainissante de plantes dites phyto-rémédiantes (les graminées dégradent particulièrement bien les hydrocarbures). 

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Par exemple, l'eau ruisselle dans une noue plantée qui dépollue et surverse dans un bassin, d'où soit l'eau s'infiltre dans la terre, soit elle se rejette de manière régulée sans saturer les réseaux.
Ces techniques non seulement sont efficaces mais surtout pérennes, car faciles à entretenir au quotidien, comme un espace vert. C'est leur atout durable.

De plus, et c’est un point important, ces techniques écologiques sont elles-mêmes un élément de valorisation du paysage urbain.
Le tracé des noues, les plantes dépolluantes, y compris les bassins, parfois plantés d'arbres ornementaux aux vertus absorbantes, parfois fonctionnels également en tant qu’espaces de détente, peuvent constituer, avec la palette des techniques alternatives - tranchées drainantes, structures réservoirs, puits d’absorption... - un paysage varié et convivial structuré autour de l’eau, inspirant la créativité.

L’espace investi par l’eau de pluie est valorisé et s’intègre facilement à la ville.


Reconquérir le milieu hydrographique

« La culture de l’eau est à redécouvrir. La reconquête du milieu hydrographique s’apparente à une reconquête culturelle, réintroduisant les notions de valeur des territoires, de planète, d’environnement naturel en milieu urbain » conclue Mr Thierry Maytraud.

« Faire réapparaître l’eau dans la ville est un objectif à terme, se heurtant à la difficulté de fédérer les acteurs, de créer une synergie. Le ru d’Arras coulant à Villetaneuse et la Vieille Mer à Saint-Denis constituent les premières études du Département pour des opérations de découverte au grand jour. Il s’agit des premières études au niveau national pour la reconquête des rivières en milieu urbain dense ».

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Le contexte législatif

Le code des communes et le code civil – articles datant de Napoléon - obligent chacun à maîtriser les eaux pluviales sur son propre terrain.
La loi sur l’Eau de 1992 - provenant d’une directive européenne de 1991 - a mis en place des normes précises pour les aménageurs afin de ne pas créer d’impact négatif sur le ruissellement pluvial. Les aménageurs doivent demander une autorisation à l’Etat pour des opérations de plus de 5 ha.
La loi sur l’Eau a également positionné le Maire en tant que responsable de l’eau sur sa commune. Ainsi, dans les années 90, la maîtrise des inondations est devenue une priorité nationale ainsi qu’une préoccupation essentielle des pouvoirs locaux.

L'engagement du groupe DCF

Afin de respecter son engagement dans le développement durable et de souscrire à ses obligations de maîtrise des eaux, le groupe DCF a opté pour les techniques alternatives. 
La résidence étudiante André Désilles à Villetaneuse présente un dispositif naturel de régulation du ruissellement pluvial. Les eaux sont rejetées dans le ru d’Arras jouxtant la résidence, l’un des rares ruisseaux qui ne soit pas complètement busé et enterré.

DCF est le premier promoteur privé en Ile-de-France à porter un tel projet d'éco-aménagement.


Le contexte politique

Des politiques volontaristes sont menées depuis plusieurs années notamment par le Conseil Général de Seine-Saint-Denis et la Communauté d’agglomération Plaine Commune (voir le Plan Communautaire d'Environnement).

Selon Mr Thierry Maytraud, "moins de vingt réalisations en France exploitent les techniques alternatives à ciel ouvert en milieu urbain dense, avec une intégration valorisante dans le paysagement. Près de 80% de ces réalisations se trouvent en Seine-Saint-Denis, où nous visons à véritablement ajouter de la valeur environnementale et créative aux opérations d'aménagement avec l'utilisation des techniques alternatives."

Ces politiques visant à l'amélioration globale du cadre de vie sont parties de la volonté de prévenir les inondations et de maîtriser les implications négatives du développement local sur l’hydrologie des territoires. La Direction de l’Eau et de l’Assainissement du CG 93 est l’une des pionnières européennes en la matière, ses réalisations suscitent l’intérêt par delà les frontières, par exemple au Japon ou en Norvège.


www.plainecommune.fr
www.cg93.fr
www.cg93.fr/audace/index.html

 

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